samedi 23 juin 2007

Séance de rattrapage





Trois surprises, deux excellentes, une mauvaise..
Je commencerai pas la déception de cette session de rattrapage estivale : Shortbus dont tout le monde ne m'avait dit que du bien (mes amis, les médias sérieux), j'y allais un peu tout de même à reculons vu que la première oeuvre de John Cameron Mitchell Hedwig and the angry inch avait reçu la palme du film le plus chiant vu dans ma vie (rassurez vous il y a d'autres ex-aequos!!).L'autre indice qui aurait du me décourager est la perte d'une invitation que mon meilleur ami m'avait envoyé pour aller le voir en salle, en chemin vers le cinéma j'avais malencontreusement glissé le carton dans la poche arrière de mon jean et arrivé sur place...plus d'invite....retour bredouille à la casa....
J'ai donc pris mon mal en patience en attendant la sortie du DVD, pour résumer je pensais voir un film sur la sexualité des américains underground et un peu à la façon du Déclin de l'empire américain de Denys Arcand.
Le film est finalement sur les frustrations des ses protagonistes (sujet ô combien pertinent) mêlées à de vulgaires scènes de cul explicites, mon slogan pour le film serait pour éviter de gaspiller du vocabulaire "comment avoir l'ambition d'un Paul Morrissey et accoucher d'un marc dorcel sous viagra"...
Je suis loin d'être un puritain mais je trouve que les trois ou quatre scènes plus qu'osées et qui ne représentent que 5 mn de pellicule pourrissent le film dans son entier par leur glauquitude; quel intérêt de paraphraser le discours du film par des bites ou des auto ejac bucales, effets trop faciles pour faire un prétendu chef d'oeuvre.
Les deux seuls génies à avoir relevé le défis de marier sexe explicite et narration sont Oshima et son Empire des sens et Larry Clark avec Ken Park, deux chefs d'oeuvre absolus à des années lumières de toute pornographie.
Shortbus exhibe son album de clichés durant plus d'une heure trente : la sexologue frigide, le couple gay au bord de la faillite sexuelle, la gougnotte frustrée qui souhaite convertir la sexologue....tout cela pour choquer les âmes américaines pro bush .... j'ose dire que ce Cameron Mitchell n'est ni plus ni moins qu'un imposteur, un plaggieur des directors cultes de la factory qui mériterait d'être lynché par ses aînés tellement son film prétend porter cet héritage pour finalement le détruire en quelques plans.
Bon heureusement que le Caïman de Nanni Moretti et Babel d'Alejandro Gonzalez Inarritu se sont succédés sur ma télé pour sauver les meubles et une nouvelle fois ô surprise :
fan de ni l'un ni l'autre, je m'attendais à tout de ces deux là.
Les deux premiers films du Mexicain Inarritu m'avait profondément ennuyé Amours chiennes et 21 grammes avec pour point en commun une mise en scène à la Short Cuts de Robert Altman un peu trop étendue sur la longueur (la recette est simple : prendre 3 ou 4 tranches de vies de protagonistes différents et de préférences éloignés et les faire exister en alternance via le shaker du montage..en général on découvre à la fin que les personnages se connaissent ou se retrouve autour d'un fait).Dans Babel le procédé est une nouvelle fois le même mais cette fois ci sur des continents différents avec des cultures et des langues disparates (l'Afrique, l'Amérique du nord,du sud et le Japon). Le film est une sévère critique sur le peuple américain sur ses moeurs, ses lois, son enfermement et son impérialisme qui n'épargnent finalement personne ni même les japonais.
De grands numéros d'acteurs : Brad Pitt pour la première fois de sa carrière bouleversant dans ce rôle d'homme désarmé chez les démunis; Koji Yakusho (acteur fétiche de Kiyoshi Kurosawa) et Rinko Kikushi la révélation du film en sourde et muette perdue.Tous les acteurs du film sont au diapason sans sombrer une seconde dans la sensiblerie.
Pourtant le film a déçu plus d'un critique à Cannes comme quoi la presse et le public ne font pas toujours bon ménage niveau goût.
Pour finir, un mot sur le Caïman de Moretti ou comment faire un film sur l'enfoiré de Berlusconi dans un autre film sur les déboires conjugaux et professionnels d'un producteur. Le principe du film dans le film n'avait pas été abordé au cinéma depuis bien longtemps et Moretti a repris le flambeau avec classe car son film fonctionne de bout en bout, avec une grande ironie sur son pays et ses dirigeants nauséabonds. Son pari est gagné, le film est digne des vieilles comédies à l'italienne entre De Sica et Ettore Scola.
Pour conclure ce petit paragraphe, je dirais tout simplement qu'il ne faut écouter que soit et surtout pas les critiques ou une tierce personne pour être touché ou révolté par une oeuvre, rester totalement hermétique pour mieux se forger une opinion après et lancer des débats d'opinions.

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